Dans son livre Devenir animal, David Abram raconte merveilleusement ce type de rencontres, quand ce qu'il appelle "nos sens animaux" prennent le dessus sur notre langage rationnel.
Il écrit :
La séparation ancestrale entre esprit et matière nous incite à prendre l'existence pour acquise, à supposer qu'une simple présence matérielle - comme une pierre ou une montagne - est totalement passive ou inerte. Nous disons que le rocher "est" ici, que les montagnes "sont" là-bas ; nous employons ce petit verbe "être" à d'innombrables reprises chaque jour, mais nous oublions que c'est un verbe, qu'il nomme un acte - que le fait d'exister est quelque chose de très actif. [...] Chaque chose organise l'espace autour d'elle, repoussant ou se faufilant vers d'autres choses, chaque chose appelle, gesticule, fait signe vers d'autres êtres, ou rivalise pour nos attentions ; les choses s'exposent au soleil ou bien se retirent à l'ombre, hurlent avec leurs couleurs criantes ou chuchotent avec leurs graines [...].
Ce vespa m'a fait signe, sa manière d'habiter l'espace du garage, sa roue tournée vers la lumière, son gros œil écarquillé m'ont parlé. Et après tout, dans un pays où des voitures neuves peuvent faire l'objet de rituels sacrés propitiatoires, ce n'est peut-être pas simplement le fruit du hasard.
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