Il s'est arrêté pour observer le minuscule îlot de verdure qui fait l'angle. Est-ce un arbuste en particulier qui a attiré son attention, un insecte ? Ce bac à fleurs est comme une proue qui prolonge l'immeuble, étroit navire à jamais à quai dans sa mer de béton. Étroitesse partout. Ruelles, immeuble, espace pour passer, pousser, vivre. Mais je vois une leçon dans ces agencements étriqués : il s'agit de trouver la liberté dans la contrainte, de déployer créativité et inventivité même dans l'espace le plus restreint. C'est ce que font ici les végétaux comme les gens. La plante qui sort en touffe compacte sur le devant du muret en bas, en est peut-être le meilleur exemple. A l'époque à Tôkyô, je fréquentais une salle de concert très petite appelée Off site. Les voisins s'étaient plaints dès les premières représentations des nuisances sonores, obligeant les musiciens à jouer à un niveau très faible. De cette contrainte est né un courant musical, l'Onkyô, basé sur des improvisations minimalistes, dont les sons ténus imposaient au public de tendre l'oreille.
Qui sait si pour ce monsieur, les quelques arbustes dans leur bac n'ont pas les dimensions d'une forêt entière ?
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